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Selections from Du mouvement et l’immobilité de Douve

Original Text by Yves Bonnefoy

Translated from the French by Arthur Delot-Vilain ’25

Théâtre

I

 

Je te voyais courir sur des terrasses,

Je te voyais lutter contre le vent,

Le froid saignait sur tes lèvres.

 

Et je t’ai vu te rompre et jouir d’être morte ô plus belle

Que la foudre, quand elle tache les vitres blanches de

ton sang.

​​

​

II

​​

     L’été vieillissant te gerçait d’un plaisir monotone,

nous méprisions l’ivresse imparfaite de vivre. 

​

     «Plutôt le lierre, disais-tu, l’attachement du lierre aux pierres de sa nuit :   présence sans issue, visage sans racine.

​

     «Dernière vitre heureuse que l’ongle solaire déchire, plutôt dans la

montagne ce village où mourir.

 

     «Plutôt ce vent…»

​

​

III

 

Il s’agissait d’un vent plus fort que nos mémoires, 

Stupeur des robes et cri des rocs — et tu passais devant ces flammes

La tête quadrillée les mains fendues et toute

En quête de la mort sur les tambours exultants de tes gestes.

 

C’était jour de tes seins

Et tu régnais enfin absente de ma tête. 

​

​

IV

​

      Je me réveille, il pleut. Le vent te pénètre, Douve, lande résineuse endormie près de moi. Je suis sur une terrasse, dans un trou de la mort. De grands chiens de feuillages tremblent.

 

     Le bras que tu soulèves, soudain, sur une porte, m’illumine à travers les âges. Village de braise, à chaque instant je te vois naître, Douve, 

 

     A chaque instant mourir.

​

​

V

​

Le bras que l’on soulève et le bras que l’on tourne

Ne sont d’un même instant que pour nos lourdes têtes, 

Mais rejetés ces draps de verdure et de boue

Il ne reste qu’un feu du royaume de mort. 

 

La jambe démeublée où le grand vent pénètre

Poussant devant lui des têtes de pluie

Ne vous éclairera qu’au seuil de ce royaume, 

Gestes de Douve, gestes déjà plus lents, gestes noirs. 

Theatre

I

 

I saw you run on terraces,

I saw you struggle against the wind,

The cold bled on your lips.

 

And I have seen you break and rejoice in being dead, prettier-

Than-lightning, when she stains the white windowpanes with your blood.

​

​

II

 

Wilting summer cleft you with one-note pleasure,

We scorned life’s imperfect intoxication. 

 

“Rather the ivy,” you were saying, “the ivy’s grip on its obscure rocks: presence with no escape, face with no root. 

 

“Last happy windowpane torn by sun’s claw, rather in the mountains that village to die in.

 

“Rather this wind…”

​

​

III

 

There was a wind stronger than memory,

Dresses feared and bedrock moaned — and you went before those flames

Head in square pieces hands splitting and all in 

In search of death and your motions were triumphant drums.

 

It was day of your breasts

And you reigned at last absent from my head.

​

​

IV

 

     I wake up, it rains. The wind rushes in you, Douve, resinous plain asleep at my side. I am on a terrace, in death’s ditch. Great leaf-hounds quake.

 

     The arm you lift, suddenly, to a door, lights me down the path of ages. Village of ember, at each moment I watch you being born, Douve, 

 

     At each moment dying.

​

​

V

 

The lifting arm and the turning arm

Are only simultaneous for our thick heads,

But these bedsheets of greenery and mud thrown off

A fire is all that remains of the kingdom of death.

 

The empty leg where the great wind rushes in

Sweeping before it heads of rain

Will light you only to the kingdom’s edge, 

Douve moving, already moving slower, moving black.

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